jeudi 22 mars 2007


Sylvie, comme un ange venant de se faire abattre en plein ciel par une D.C.A venue des profondeurs du malheur, j’ai appris que tu étais retombée. Je suis triste pour toi qui as déjà traversé cette putain « d’allée des barbelés » durant déjà neuf années, je suis triste pour ta fille qui souffre déjà de ton absence, je suis triste pour ta famille frappée de stupeur, je suis triste pour tes amies touchées en plein cœur, je suis triste pour toi et aussi pour cette petite bonne sœur …

Tu n’as pas sommeil,
tu fumes et tu veilles,
t’es tout écorché,
T’es comme un chat triste
perdu sur la liste
des objets trouvés,
La nuit carcérale
tombant sur les dalles
et ce lit glacé,
Aller et venir
soleil et sourires
sont de l’autre côté.


Depuis que j’ai appris cette fâcheuse nouvelle, je ne cesse de penser à toi et à cette chanson de Lavilliers qui vient résonner à ma mémoire comme pour colorer d’une mélodie le désespoir. Le fait divers dont ils t’accusent et dont je ne sais rien n’enlèvera jamais mon estime pour toi car quoi qu’ils disent, moi je sais que tu as un cœur immense avec encore une part d’innocence. Peut-être même que ton seul tord est d’avoir eu ce coeur un peu trop grand pour tout ces gens remplis d’indifférences…

Ces murs, ces grillages,
ces portes et ces cages,
ces couloirs, ces clés,
Cette solitude
si dure et si rude
qu’on peut la toucher,
Ce rayon de lune
sur le sol allume,
visage oublié,
De celui que t’aime,
qui tire sur sa chaîne
comme un loup blessé.


Comme ce retour à la misère carcérale a du être terrible pour toi qui étais libre depuis 5 ans. L’arrestation, les flics, la garde à vue, les juges, le dépôt, l’arrivée à la prison, les matonnes, le greffe, les empreintes, la photo, le numéro d’écrou, la fouille à poil, la bouffe déguelasse, la première douche presque froide, le paquetage misérable, l’arrivé dans une cellule de deux ou de trois, et puis quand les lumières s’éteignent ce silence qui transperce l’âme comme un coup d’épée dans la poitrine, comme une violente douleur sans dose de morphines...

Betty faut pas craquer,
Betty faut pas plonger,
Je sais, ils t’ont couché là
et puis ils ont fermé
leurs barreaux d’aciers,
Betty faut pas pleurer,
Betty faut pas trembler,
Je sais tu vas rester là,
t’aimerais plus te réveiller
plus jamais rêver.


Beaucoup de ceux qui lisent ces lignes ne savent pas ce que tu ressens en ce moment, il n’y a que moi qui peux le comprendre parce que je l’ai déjà vécu comme un destin perdu. C’est pourquoi ce soir j’écris ces mots histoire de ne pas te laisser seule avec cet irrésistible envie d’en finir qui, fatalement, va venir te hanter comme une tourmente incessante. Je le sais tu ne voulais plus y retourner, tu ne voulais plus vivre ce cauchemar, cette longue traversée du tunnel noir, te sentir vieillir face au miroir…

Je te dis je t’aime
en ce court poème,
en ce long baiser,
Tu es ma frangine
juste une féminine
que j’avais rimé,
Je te donne ma force,
mes mots et mes notes
pour te réchauffer,
Je hais la morale,
les prisons centrales,
les maisons d’arrêts.


Pas facile de trouver les mots justes quand ceux que l’on aime partent pour un si long voyage au bout de la nuit, au bout de l’infini. Ce que je peux te dire c’est que quoiqu’il arrive je serai toujours là comme un ami. Oui ça va être une terrible épreuve pour toi mais je te demande de tenir parce que même si tu ne le vois pas, là bas, tout au bout, il y a ton avenir et il est loin de tous ces miradors qui tirent. Sur cette chanson qui s’étire je vais te laisser t’endormir pour ne pas te laisser ressentir et souffrir de ce temps qui t’emprisonne comme un dernier soupire.

Je n’ai pas sommeil,
je fume et je veille
et j’ai composé,
Une chanson d’amour,
une chanson secours
pour l’autre côté
Pour ceux que l’on jette
dans les oubliettes,
dans l’obscurité,
Pendant que les gens dorment
au fond du conforme
sans se réveiller.


Sylvie, un ange est tombé ce soir parce qu‘il était un peu noir à cause d’une vie un peu trop rempli de coups de cafards et de tristes déboires. Mais il te faut garder espoir et ne pas sombrer dans l’entonnoir du désespoir. Saches le personne n’a annoncé la fin de ton histoire et personne n’a décrété qu’il fallait te laisser toute seule dans le noir. Penses plutôt à ceux qui t’aiment et qui connaissent ton cœur et ta gentillesse, car pour en avoir parlé avec eux, il n’est pas question qu’ils te laissent, même si tu es pour quelque temps dans ces forteresses de détresses.
Voilà c’est sur ces mots et cette chanson que je te laisse avec une douce tendresse, même si je sais que ces heures, ces jours, ces mois, ces années toujours te blessent…

Sylvie faut pas craquer,
Sylvie faut pas plonger,
Je sais, ils t’ont couché là
et puis ils ont fermé
leurs barreaux d’aciers,
Sylvie faut pas pleurer,
Sylvie faut pas trembler,
Tu sais, on se retrouvera là,
ailleurs, en plein soleil…


/
Laurent

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