lundi 18 juin 2007


Au grincement sinistre et significatif de la lourde porte se refermant sur moi succède peu à peu un silence de fin du monde… surtout ne plus penser… ne plus penser pour ne pas craquer… déposer mon piètre nécessaire de taulard… le disposer… lui assigner une place… créer l’illusion de l’utilité d’un geste… reste à vivre… même pas à vivre, à exister seulement… à végéter animalement, organiquement…

Mais surtout,
ne plus penser…
repousser les images,


toujours les mêmes, celles d’hier, d’ailleurs, du temps qui ne reviendra plus avant tant de temps… ne pas penser… ne pas reprendre les dernières phrases de la dernière conversation… les mots que la séparation a rendus si douloureux… si déchirants… ne pas penser… se dire seulement qu’il fait froid, qu’il fait tristes… s’éparpiller dans les détails, se fixer aux automatismes… cuillère, fourchette, assiette, bol… manque rien… non rien, pour fonctionner, pour subir

mais ne pas penser…
se défendre
d’être conscient,
d’être lucide,
s’interdire
de comprendre


que dehors, dans un autre temps de ce temps, un monde existe encore où des femmes et des hommes sont heureux sur une terre à la dérive…

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Michel - Varces

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